à 
Prix: Gratuit
C9019
3150, rue Jean-Brillant
Montréal (Québec ) Canada  H3T 1N8

La presse est le registre de l’histoire d’un pays, le reflet vivant tant des
grands événements que des faits mineurs. Les grands idéaux et les nouvelles
triviales alimentent les pages des périodiques pour servir les objectifs de
leurs éditeurs. Ceux-ci ont toujours le souci d’informer, mais ce souci n’est
jamais neutre. Si cela est vrai de toute presse à toute époque et en tout
lieu, le cas de la presse coloniale constitue un exemple privilégié du souci
de création identitaire du lectorat. Du fait, notamment, de l’ambiguïté de
l’identité tant des hommes de presse que du lectorat. Les premiers,
intellectuels « illustrés », se considéraient « the same but not quite »
(Bhabha, 1994), et le second était constitué de sujets colonisés,
intellectuels et commerçants, qui revendiquaient leur monde propre, tout en
appartenant à celui de leur métropole. C’est aussi le cas de la presse
coloniale à l’époque de l’indépendance du Venezuela (1808-1822).

Parmi les sources d’information et d’inspiration des journalistes de l’époque
figurent en bonne place les idées et les nouvelles en provenance des
États-Unis et d’Europe. La traduction constituait donc l’un des principaux
outils de travail que les rédacteurs de périodiques mettaient au service de
leurs desseins. Elle est la représentation de la négociation d’une identité
culturelle.

Le rôle fondamental joué par la traduction en Amérique hispanique, et en
particulier au Venezuela, à l’époque de l’indépendance, a été démontré dans
les écrits des philosophes (européens et américains) et dans les documents
officiels devenus constitutifs des nouveaux États. La presse n’a toutefois
jamais fait l’objet d’une étude « traductologique » du fait, peut-être, de la
complexité du corpus. En effet, la « traduction » dans la presse n’apparaît
pas souvent sous sa forme conventionnelle. La « traduction » dans la presse
est rarement intégrale, en ce sens que le texte d’arrivée ne correspond
généralement pas au format de l’original dont il n’est souvent qu’une
synthèse. Or, la presse de l’époque la plus « chaude » de l’indépendance (à
partir de 1808) a été le bouillon de culture et le véritable propagateur des
idées pro indépendantistes.

Le présent projet, qui se situe dans le cadre des études descriptives de la
traduction, cherchera, par une approche descriptive et fonctionnelle à
déterminer les conditions et les stratégies qui régissent la production et la
réception des traductions, ainsi que l’incidence de celles-ci sur les
discours identitaires nationalistes. Par l’analyse des comportements
traductionnels dans la presse à l’époque de l’indépendance du Venezuela, nous
chercherons à formuler des généralisations à propos du rôle de la traduction
dans la constitution d’une identité et d’une culture propres à la Région.

G. Bastin (Université de Montréal) - La question identitaire dans la presse coloniale traduite à l'époque de l'indépendance du Venezuela (1808-1822)