Titre de la présentation
Entre archives et archive : l’espace inarchivé et inarchivable du cinéma de réemploi
Résumé
Le concept d’archive, utilisé au singulier, est devenu incontournable dans les pratiques artistiques contemporaines et leur étude, et ce, depuis les années 1990. Le cinéma ne fait pas exception à cette tendance. Dans les pratiques filmiques et vidéographiques de réemploi, qui se caractérisent par la réutilisation d’images en mouvement préexistantes, l’archive est particulièrement importante : elle désigne les images utilisées par les artistes, tout autant que les gestes de réemploi sont eux-mêmes associés à une idée de l’archive comme histoire, mémoire ou patrimoine.
Cet engouement pour l’archive participe d’une dissémination de la notion : loin de sa définition archivistique, celle-ci se retrouve interrogée dans sa qualité d’outil conceptuel pour appréhender différents objets et contextes de recherche. Elle devient alors un ancrage pour exprimer une variété d’idées qui n’ont parfois que peu en commun avec les archives des archivistes.
Toutefois, cet écart entre archives et archive est particulièrement fertile. C’est dans cet espace que les utilisateurs non traditionnels des archives, dont les cinéastes de réemploi, trouvent leur inspiration. À travers leurs mises en récit, ces derniers montrent ce qui n’est pas visible dans les archives. De la décomposition des matières filmiques et vidéographiques, aux dynamiques de pouvoir derrière le geste d’archivage et leurs récits tacites, en passant par les émotions et l’affect véhiculés par les documents, les œuvres des artistes nous confrontent à une double dimension inarchivée (ce qui n’est pas archivé) et inarchivable (ce qui ne peut pas être archivé), qui est constitutive de ce que sont les archives et de comment elles se construisent.
Cette présentation explorera les questions critiques posées par les différentes acceptions du concept d’archive(s) et posera les bases d’une réflexion sur l’inarchivé et l’inarchivable, se déclinant suivant les modalités de l’absence, de l’interdit, de l’invisible et de l’impensable.
Biographie
Annaëlle Winand est candidate au doctorat à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information (Université de Montréal). Elle détient une maîtrise en histoire et archivistique, obtenue auprès de l’Université de Louvain (Belgique) où elle a par ailleurs travaillé en tant qu’archiviste. Ses recherches se concentrent sur les notions d’archive(s), d’inarchivé et d’inarchivable dans les pratiques filmiques et vidéographiques expérimentales de réemploi. Elle est activement impliquée dans divers projets de recherche en archivistique et en études cinématographiques, dont De la diffusion à l’exploitation : nouveau regard sur l’archivistique (Prof. Yvon Lemay et Anne Klein) et Technès — partenariat international de recherche sur les techniques et technologies du cinéma, en collaboration avec le professeur André Habib. En parallèle à sa recherche doctorale, Annaëlle est programmatrice pour le Festival des films underground de Montréal (MUFF) et au Groupe Intervention Vidéo (GIV).
Source : Annaëlle Winand
