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De tous les moyens dont disposent les groupes socioprofessionnels pour faire circuler leur savoir, le texte de spécialité est sans conteste le plus exploité. Cependant, comme ces groupes constituent des « communautés discursives » (traduction de ce que Swales (1990) appelle discourse community), fondés, comme bien d’autres, sur un certain degré d’exclusivisme, ils utilisent aussi le texte de spécialité à d’autres fins.


En effet, celui-ci constitue, dans une certaine mesure, le garde-barrière des groupes socioprofessionnels, car l’accès aux informations véhiculées est bien souvent restreint à leurs membres propres. Bref, on pourrait dire que le texte de spécialité se caractérise par une tension permanente entre transparence et cohérence pour les uns, et opacité et incohérence pour les autres. Les difficultés éprouvées par les lecteurs, par exemple les usagers de produits informatiques ou les acheteurs de polices d’assurance, sont une conséquence directe de ce contrôle à l’accès des informations.


Étudier cette tension peut se faire sous au moins 3 angles différents : sociolinguistique, pragmatique ou textuel. En effet, puisque l’« on ne peut dissocier les normes d’organisation des discours et les normes d’organisation des hommes » (Maingueneau 2002 : 3), on peut adopter une perspective sociolinguistique afin de déceler les dynamiques socioprofessionnelles fondant ce tiraillement entre transparence et opacité. On peut aussi adopter un point de vue pragmatique et s’intéresser aux retombées, en situation communicative, de cette tension, qui peut se traduire par un défaut de manière au sens gricien, c’est-à-dire par une violation du principe de coopération. On peut enfin mobiliser la linguistique du texte et chercher à identifier les éléments, lexicaux ou autres, qui seraient sources de cohérence ou d’incohérence.


J’adopterai ici la 3e approche. J’examinerai tout particulièrement comment le terme participe à la construction de la textualité d’un texte de spécialité de sorte que ce dernier puisse jouer son double rôle de porte-parole et de garde-barrière d’une communauté discursive. J’argumenterai entre autres que, dans le contexte de la lecture d’un texte de spécialité, le sens n’est point une propriété statique du terme mais bien plutôt le résultat d’un processus d’interprétation qui permettra ou non qu’un degré acceptable de cohérence soit assigné au texte.


Références  


Maingueneau, D. (2002) : Discours de savoirs, communautés de savants, In : Mehrsprachige Wissenschaft – Europäische Perspektiven. Eine Konferenz im Europäische Jahr der Sprachen, Ehlich, K. (Ed.), 15 p. (consulté le 25 mars 2010).


Swales, J. M. (1990) : Genre Analysis: English in Academic and Research Settings. Cambridge, Cambridge University Press.

Tanja Collet (Université de Windsor) - Le terme : source de cohérence et cause d'incohérence dans le texte de spécialité